Pourquoi manger du poisson n’est peut-être pas aussi bon pour la santé qu’on ne le pensait ? Nouvelle étude
Vous avez décidé de manger du poisson au moins une fois par semaine, comme recommandé par les spécialistes en nutrition ? Eh bien, une nouvelle étude révèle que cette habitude alimentaire peut s’avérer pas aussi bon pour la santé qu’on ne le croyait dans le passé. Selon les recherches publiées le 9 juin 2022, les amateurs de poisson courent un risque de mélanome légèrement plus élevé. Les chercheurs ont suivi plus de 490 000 Américains adultes et ont découvert que les 20 % consommant le plus de poisson présentaient un risque environ un quart plus élevé de développer la maladie sur 15 ans par rapport aux 20 % consommant le moins de poisson.
Faut-il manger du poisson ou non ?
Évidemment, ces effets sont alarmants, car les fruits de mer constituent une bonne partie de la nourriture de plusieurs peuples. Pourtant, des experts non liés à la recherche ont souligné que les résultats ne montrent qu’une corrélation et on ne doit pas ignorer la « vue d’ensemble ». Alors, manger du poisson, c’est bon ou mauvais pour vous ?
« En général, le poisson est une source de protéines saine, souvent riche en acides gras oméga-3 anti-inflammatoires », a déclaré Amy Bragagnini, du Mercy Health Lacks Cancer Center, à Grand Rapids, Michigan qui est également porte-parole de l’Académie de nutrition et de diététique. Elle ajoute : « En raison de ses avantages pour la santé cardiaque et cérébrale, les spécialistes de l’alimentation et de la nutrition recommandent généralement aux gens de faire des efforts de consommer deux portions de poisson de 115 grammes chacune par semaine. De plus, le poisson peut être une excellente alternative pour les personnes cherchant à limiter les viandes rouges et transformées, qui sont liées à des risques plus élevés de certains cancers, notamment le cancer du côlon et celui du rectum ».
Pourquoi donc manger du poisson est lié au mélanome, un type de cancer de la peau dont les facteurs de risque principaux sont les coups de soleil et les antécédents familiaux ? L’une des hypothèses émises par le chercheur principal Eunyoung Cho c’est que ce n’est pas en fait la faute des poissons, mais de leurs contaminants, comme le mercure, les microplastiques et les PCB, entre autres. Des recherches antérieures ont établi un lien entre l’exposition au mercure et un risque plus élevé de mélanome et d’autres cancers de la peau. Cependant, la théorie des contaminants est encore à être confirmée via des recherches pour qu’on puisse faire des recommandations diététiques.
À propos de l’étude
Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue Cancer Causes and Control et ils sont basés sur un suivi de 15 ans de 491 000 Américains âgés de 50 à 71 ans. Au début, ils ont rempli des questionnaires sur leur alimentation, leur niveau d’activité physique et leurs habitudes de consommation de tabac et d’alcool.
Au cours de la période de l’étude, un mélanome malin a été diagnostiqué chez un peu plus de 5 000 des participants, tandis que près de 3 300 ont développé un mélanome in situ (dont les cellules de mélanome précancéreuses se trouvent sur la couche supérieure de la peau, mais n’ont pas pénétré les couches plus profondes). L’équipe de Cho a découvert que les top 20% des consommateurs de poisson (consommant 43 grammes de poisson par jour en moyenne) avaient un risque 22 % plus élevé de mélanome malin et un risque 28 % plus élevé de mélanome in situ, par rapport aux participants qui mangeaient le moins de poisson.
On a également pris en considération certaines habitudes de vie, la race, le niveau de formation et le lieu d’habitation des sujets. Cependant, l’étude manquait de détails sur les habitudes personnelles des participants en matière de protection du soleil. Le directeur scientifique de l’American Cancer Society, Dr William Dahut, qui n’a pas participé à l’étude, a noté qu’il n’était pas clair si les amateurs de poisson étaient plus probables d’avoir une maison de plage ou de passer plus de temps à l’extérieur. Selon Dahut, les observations sont intéressantes et dignes d’un suivi, mais il s’abstenait de déconseiller aux gens de manger du poisson à cause d’un risque de mélanome élevé.
Des résultats déroutants
Dahut a pareillement mis en exergue une découverte quelque peu déroutante : les personnes qui ont déclaré manger du poisson non frit ou de thon en conserve avaient un risque accru de mélanome malin et ceux qui mangeaient beaucoup de poisson frit avaient en fait un risque réduit. Cho et Bragagnini ont tous deux convenu qu’il est difficile d’expliquer ces constats et l’on ne peut que spéculer que le type de poisson soit important.
Les recommandations des experts
Pour l’instant, Bragagnini a recommandé de se concentrer sur la consommant de beaucoup d’aliments végétaux comme les légumes, les fruits, les haricots, les noix et les céréales riches en fibres. Quant au poisson, elle a conseillé de le cuire ou de le cuire à la vapeur plutôt que de le frire, ce qui draine ses bonnes graisses. En ce qui concerne le mélanome malin, Dahut a déclaré que les principales tactiques de prévention restent les mêmes. On doit limiter l’exposition aux rayons ultraviolets – du soleil ou des lits de bronzage – et examiner régulièrement sa peau pour de nouvelles croissances ou des changements dans les grains de beauté existants.
Source utilisée : www.webmd.com