Le microbiote nasal, peut-il prédire la gravité d’une infection par Covid-19 ?
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, les études scientifiques ont nettement progressé pour mieux comprendre pourquoi certaines personnes infectées par le virus avaient des symptômes légers ou étaient asymptomatiques tandis que d’autres étaient atteintes d’une forme grave et nécessitaient une hospitalisation. Une étude a évoqué le rôle des séquences génétiques dans les formes graves du Covid-19, alors qu’une autre a parlé d’anomalie immunologique. Publiée le 5 septembre 2021 dans la revue Diagnostics, une recherche américaine met en évidence le microbiote nasal et celui de la partie supérieure de la gorge en tant qu’un facteur pouvant évaluer le degré de maladie d’un patient contaminé par le SARS-CoV-2. Éclairage.
Le microbiote nasal et les bactéries présentes dans la partie supérieure de la gorge, peuvent-ils prédire la gravité d’une infection par Covid-19 ?
Dans le cadre de leur étude, les scientifiques américains ont analysé le microbiote nasopharyngé de 27 personnes âgées de 49 à 78 ans non infectées par le Covid-19, de 30 patients positifs asymptomatiques et 27 patients contaminés par le virus et présentant des symptômes modérés sans nécessité d’hospitalisation.
Les résultats ont dévoilé que la moitié des personnes qui présentaient des symptômes n’avaient pas de quantité suffisante de microbiote. En revanche, la plupart des individus positifs et asymptomatiques disposaient encore d’un microbiote nasal suffisant.
À l’heure actuelle, les chercheurs ignorent ce qui est venu en premier, l’infection par le virus ou l’élimination des bonnes bactéries. Ils suggèrent pourtant que l’écoulement nasal et les éternuements induits par l’infection pourraient conduire à un appauvrissement du microbiote.
Les chercheurs ont également remarqué la présence de certaines bactéries pathogènes dans le nasopharynx des patients symptomatiques. Leur microbiote altéré a eu un impact sur leur réponse immunitaire face au SARS-CoV-2, estiment les scientifiques.
Ainsi, les patients qui avaient des symptômes présentaient aussi des taux considérablement plus élevés de bactéries pathogènes telles que Cutibacterium. Cette dernière est non seulement liée à l’acné, mais aussi aux infections du cœur et de l’épaule suite à une intervention chirurgicale.
En outre, les personnes symptomatiques présentaient aussi des niveaux deux fois plus élevés de cyanobactéries qui pénètrent dans l’organisme via les muqueuses et peuvent causer des pneumonies ainsi que des lésions hépatiques.
Les auteurs concluent que leur étude montre une « forte association » entre le microbiote nasal, l’infection par coronavirus et sa sévérité. La relation entre ces phénomènes reste pourtant inconnue.
Référence :
Diagnostics (septembre 2021) : « Alteration in Nasopharyngeal Microbiota Profile in Aged Patients with COVID-19 », Sadanand Fulzele et coll.