Qui ne voudrait pas porter ces masques artisanaux énigmatiques à un carnaval ou ailleurs ?
Aujourd’hui, les créations artistiques fabriquées et décorées à la main constituent de véritables trésors qui suscitent l’intérêt de collectionneurs et connaisseurs du monde entier. Parmi ces œuvres d’art, aussi magnifiques qu’énigmatiques, figurent les masques artisanaux de l’artiste norvégienne Magnhild Kennedy, plus connue sous le pseudonyme de Damselfrau. Mais qu’est-ce qu’il y a de spécial dans les masques artisanaux de Damselfrau et pourquoi il vous sera impossible de succomber à ces créations oniriques et décidément saisissantes ? Découvrez les réponses dans les paragraphes suivants !
Les masques artisanaux de Damselfrau : chargés de caractère et d’histoire
« Yule » – une fois le masque terminé, Kennedy lui attribue un nom
Née en Norvège et travaillant à Londres, Damselfrau est une artiste autodidacte qui crée son propre univers onirique avec des matériaux qu’elle déniche dans des brocantes, sur internet ou dans des marchés. C’est un peu par hasard que Magnhild Kennedy s’est lancée dans la création de masques artisanaux. Elle a d’abord commencé à en fabriquer pour elle et son mari, puis pour ses amis. Des œuvres à part entière, uniques et incarnant quelque chose d’arcane et même occulte, ces masques sont à la fois saisissants et troublants. Entre la mode et l’art contemporain, les masques de Damselfrau sont riches en détails, en matériaux tels que perles complexes et dentelles, et en couleurs vives et éclatantes, qu’elle passe des journées entières à broder.
Les masques artisanaux sont apparus dans le numéro de décembre de «Vogue Portugal»
Originaire de Trondheim, en Norvège, Magnhild Kennedy a déménagé à Londres en 2007. En tant qu’enfant de deux artistes, elle n’a jamais été formellement formée. En fait, sa pratique d’artiste a trouvé son origine sur les pistes de danse des boîtes de nuit de Londres – un lieu un peu moins conventionnel. C’est en sortant dans les clubs avec son mari qu’elle a commencé à confectionner ses masques. Il est intéressant de savoir qu’à l’époque, Kennedy travaillait dans une boutique de designers d’époque à Islington. C’était dans les vêtements qui l’entouraient qu’elle puisait de l’inspiration et même cousait ses vêtements derrière le comptoir, qu’elle portait ensuite dans les clubs. Son style – excentrique, accrocheur et séduisant – est aujourd’hui incarné dans ses masques artisanaux, richement et précieusement ornés.
Le nom « Damselfrau » est, en fait, contradictoire, tandis que « frau » est un mot utilisé pour les femmes mariées, tandis que « damsel » se traduit « demoiselle » ou célibataire. Combinés, les deux mots forment le pseudonyme paradoxal et provocateur adopté par l’artiste.
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Le travail de Damselfrau représente un univers fascinant aux inspirations hétéroclites entre sculpture, costume et bijou. Les masques magnifiques de l’artiste ont fait l’objet de nombreuses expositions et collaborations, tant dans la mode que pour des clips vidéo. Kennedy a créé des masques pour des artistes comme Mø et Beyoncé et a collaboré avec Alister Mackie et Louis Vuitton. Cachant le visage tout en attirant le regard, les masques artisanaux de Kennedy remodèlent magnifiquement le visage du porteur. Chargées de caractère, ces œuvres fascinantes ne suggèrent pas que des personnalisés individuelles, mais également des récits entiers et des histoires.
Le masque doré de Damselfrau est visible au début du clip vidéo du morceau « Kamikaze » de Mø
Ci-dessous, vous pouvez prendre connaissance d’une courte interview avec l’artiste. Elle parle de son parcours et de son expérience dans la création de masques, des meilleurs endroits à Londres pour trouver de nouveaux matériaux et de ses futurs projets artistiques.
Intervieweur : Vous venez d’une famille particulièrement artistique. Quel était votre parcours personnel en tant qu’artiste ? Vous souvenez-vous de la première fois où vous vous êtes dite « je vais faire un masque » ? Comment cela s’est passé ?
Magnhild Kennedy : Cela s’est passé assez tard. J’ai toujours créé divers objets, mais rien de bon. Je savais depuis mon adolescence je sais que j’allais me rendre à Londres à un moment donné, mais cela ne m’est pas arrivé avant la fin de mes 20 ans. Je n’ai aucune idée comment les masques sont devenus le point focal de mon travail, je ne m’intéresse pas particulièrement aux masques en général. J’ai travaillé dans un magasin de design vintage quand j’ai déménagé ici. Pouvoir regarder les vieux vêtements, leurs détails et ornements, cela m’a donné un aperçu de la fabrication. Je visitais le marché aux puces tous les week-ends en rapportant à la maison toute sorte de matériaux.
Je devais faire quelque chose avec tous ces matériaux. Cela a commencé avec la fabrication de masques pour une fête et à partir de là, tout s’est déroulé lentement et organiquement. Il y a cinq ans, mon mari Rober a ouvert le studio Dalston Pier. Je me suis procurée un bon atelier et j’ai pensé que c’était le moment de prendre les choses au sérieux.
Viir
Intervieweur : Quel est le lieu le plus étrange dans lequel vous ayez jamais trouvé un matériau pour un masque ? Et, lorsque vous travaillez sur une nouvelle pièce, avez-vous un lieu de prédilection à Londres où chercher de l’inspiration ?
MK : Je trouve des choses partout. J’ai même ramassé des filets de fruits dans les bacs. Un Noël, à Paris, on a décoré les arbres des Champs-Élysées avec des cristaux en plastique. Les rouges étaient tombés et, par conséquent, piétinés sur les pavés, et j’en ai gratté des poches pleines. J’ai également ramassé des confettis d’or sur le sol lors du concours « Alternative Miss World ». Mes amis m’apportent aussi des choses de leurs voyages. Un ami m’a apporté une couronne de cheveux norvégienne datant de 1700. Un ami japonais m’a donné un morceau de cheveux de geisha antique que j’ai crocheté dans un masque. De vieux torchons. Je vais utiliser n’importe quoi s’il y a de la personnalité.
Utaan
Intervieweur : Combien de temps faut-il habituellement pour créer un masque, et quel est le plus long temps que vous avez travaillé sur une seule pièce ?
MK : Cela peut prendre un jour ou une éternité. Sur mes étagères, il y a des masques inachevés attendant « quelque chose » depuis des mois…voire des années. Je dois juste attendre le moment parfait.
Percifor
Intervieweur : Je sais que vous avez initialement fabriqué des masques pour le clubbing à Londres. En quoi la création de masques pour un environnement de club et pour la culture de club en général a-t-elle influencé votre travail. Portez-vous encore vos masques en discothèque ?
MK : Ça fait très longtemps dès la dernière fois que je suis allée en boîte de nuit. Je pourrais me faire un masque pour Halloween si je vais à une fête. Quant à la culture de club, « créer quelque chose à partir de rien » était inspirant. Certaines personnes peuvent fabriquer de véritables œuvres d’art à partir de cartons d’œufs, du ruban adhésif et de la peinture, vous savez ? Il n’y a pas de hiérarchie parmi les matériaux. C’est le principal que j’ai appris et que j’ai apporté dans mon travail.
Uro
Intervieweur : Que ressentez-vous personnellement lorsque vous portez l’un de vos masques et qu’espérez-vous que cette expérience soit pour le spectateur ?
MK : Je ne porte pas les masques une fois qu’ils sont prêts. Je fais de mon mieux pour ne pas prendre trop de décisions pour les masques. Les gens voient ce qu’ils voient. Ce ne sont pas mes affaires.
Tanssi
Intervieweur : Vous parlez souvent de vos masques et du caractère et de la vie qui leur sont propres. Combien de vous-même voyez-vous dans chaque masque que créez, ou le voyez-vous toujours comme une entité séparée dès le début ? À quelle étape du processus le caractère d’un masque commence-t-il à se révéler et à quoi ressemble ce moment ?
MK: Je le vois comme une entité distincte, je pense…C’est une sorte d’état méditatif. Je suis toujours surprise par les résultats et par le fait que j’ai créé quelque chose. En règle générale, le caractère change plusieurs fois en cours de route. Je ne fais que très peu de choix conscients en cours de route, ou du moins c’est l’impression que cela donne. J’essaie de penser le moins possible et d’y aller instinctivement. Sans trop réfléchir.
Sabir
Intervieweur : Travaillez-vous sur quelque chose que vous souhaitez partager avec nous ?
MK : Oui ! Je suis très excitée. Je suis invitée à faire une exposition au Musée national des arts décoratifs de Trondheim, en Norvège, au mois de septembre. C’est pour la première fois que je vais exposer mes masques en Norvège, c’est donc quelque chose de très grand pour moi. Je fréquentais ce musée quand j’étais enfant, et pour moi, ce bâtiment est très spécial. Je travaille également sur un projet intéressant avec l’université Queen Mary et la designer Rachel Freire, qui prévoit d’intégrer des textiles techniques et des capteurs de mouvement dans mes masques. C’est un nouvel univers pour moi- très cool.
Intervieweur : Avez-vous des slogans personnels ou des mots de sagesse que vous essayez de suivre dans la vie ?
MK : « Marche, ne cours pas », comme dit toujours mon père.