Danger des écrans pour les enfants : faut-il les interdire, imposer la règle 3-6-9-12 ou tout permettre ?
Vous savez probablement déjà que la surexposition aux écrans chez les adultes provoque de la fatigue oculaire, des troubles du sommeil et peut même empirer les symptômes de certains états dépressifs. Imaginez-vous donc quels pourraient être ses effets sur la psychique en train de développement et le cerveau enfantin encore malléable ! Est-ce qu’il faut les interdire totalement aux petits ou il suffit de limiter le temps passé devant les appareils électroniques ? Les générations contemporaines peuvent-elles grandir sans accès à ces dispositifs omniprésents ? Danger des écrans pour les enfants : méprise courante ou réalité tangible qui fait peur ?
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Danger des écrans : mythe ou réalité ?
Savez-vous que 68 % des enfants Français de 2 ans regardent la télé quotidiennement et ce n’est même pas le seul écran auquel ils sont exposés ? Avec l’âge, le nombre de numériques accessibles augmente et il en va de même pour le temps d’exposition. Selon certains, ce n’est qu’une partie inséparable et nécessaire du développement de la génération digitale, mais d’autres n’en conviennent pas. Est-ce que ces derniers diabolisent inutilement les moniteurs et leurs effets sur la santé infantile ou ils ont en fait raison ? Quels sont les avis des experts ?
Qu’en dit la science ?
Les premières données d’une étude marquante auprès des National Institutes of Health (Instituts américains de la santé) qui a débuté en 2018 sont plutôt alarmantes. Elles indiquent que les enfants qui ont passé plus de deux heures par jour devant un écran ont obtenu des résultats inférieurs aux tests de langage et de réflexion. Pire encore, plus de sept heures par jour peuvent provoquer un amincissement du cortex cérébral, la zone du cerveau liée à la pensée critique et au raisonnement.
On peut donc émettre l’hypothèse que les écrans sont à même d’inhiber certains aspects du développement d’un enfant en réprimant les centres d’intérêt de son cerveau qui en sont responsables. Toutefois, les adversaires de cette théorie précisent que l’amincissement du cortex est un processus normal de la maturation cérébrale et on ne pourrait pas s’en servir pour tirer des conclusions sur le danger des écrans pour les enfants. Alors, elle est où la vérité ?
Les opinions des spécialistes …
Dr Jennifer F. Cross, pédiatre et spécialiste en troubles du développement et du comportement partage son point de vue. L’expert est d’avis que si les jeunes enfants passent la plupart de leur temps en face de l’iPad, le smartphone ou la télévision, qui sont tous très divertissants, il peut être difficile de les faire participer à des activités non électroniques. Manipuler des jouets et jouer avec les autres enfants à l’extérieur est indispensable aux gosses, car ces activités stimulent l’imagination, développent les compétences sociales et améliorent la santé physique. Le danger des écrans indiscutable consiste donc en leur pouvoir de voler la vedette aux autres moyens d’exploration et d’apprentissage.
Quel est le danger des écrans pour les enfants ?
Pour les jeunes enfants, en particulier ceux de moins de 3 ans, le développement se passe à une vitesse frénétique. Ils apprennent en explorant leur environnement et en observant les adultes dans leur vie quotidienne, puis en les imitant. Passer du temps devant un écran limite les possibilités des petits d’observer le monde tout autour et d’expérimenter. Cela ralentit l’apprentissage et provoque une sorte d’« étroitesse de vue » ce qui entrave le développement d’ensemble. D’autre part, en raison de leur nature hyper-stimulante, les écrans rendent difficile la concentration et peuvent même causer des déficits de l’attention ou de l’hyperactivité.
La formation du langage souffre également et on observe souvent des délais importants dans l’apparition des premiers mots à cause du manque d’interaction vocale constructive avec un adulte. Selon les recherches, un dialogue réciproque est extrêmement important pour le développement du langage et les compétences sociales. C’est notamment cette conversation tête-à-tête qui améliore les aptitudes linguistiques et les capacités de communication chez les jeunes enfants. De même, elle permet aux jeunes explorateurs de lire les expressions faciales et d’interpréter leurs significations en améliorant l’intelligence émotionnelle. Ce n’est pas du tout le cas de l’écoute passive qui est une interaction à sens unique peu fructueuse.
Faut-il interdire les écrans ou appliquer la règle 3-6-9-12 ?
En ce qui concerne la question s’il faut bannir totalement les écrans de la vie des petits, un bon nombre de psychologues contemporains disent « Oui ! ». Naturellement, c’est à vous de décider quelle approche adopter, mais sachez que si vous ne pouvez pas exclure complètement les moniteurs du quotidien de votre fille ou garçon, l’association française de pédiatrie ambulatoire (AFPA) supporte la règle dite 3-6-9-12.
La conception en question a été inventée par le psychiatre et psychanalyste français Serge Tisseron en 2008 et elle stipule : aucun écran avant l’âge de 3 ans, pas de console de jeux vidéo personnelle avant 6, navigation sur internet à partir de 9 ans, mais uniquement sous supervision parentale ce qui est en vigueur jusqu’à 12 ans, quand on peut également permettre, avec précaution, les réseaux sociaux.
Sources utilisées : www.culture.gouv.fr