Lancement du « Coviplasm » : un essai coronavirus clinique avec du plasma pour trouver un traitement contre le COVID-19
Il n’existe à ce jour aucun traitement capable de combattre le COVID-19, mais dans le monde entier, les essais cliniques s’enchaînent. Les scientifiques ne cessent de chercher et de faire des essais pour tester des potentiels traitements. L’épidémie, qui s’est propagée partout dans le monde, a fait plus de 50.000 morts en Europe, depuis le début de l’année 2020. En France, les personnes décédées à cause du coronavirus, depuis le début de l’épidémie, comptent 8,057, dont près de 5900 à l’hôpital. Depuis plusieurs semaines, le pays a élaboré plusieurs pistes sur les possibles traitements permettant de désamorcer le virus, et, surtout, d’empêcher le développement de complications chez certains patients. Parmi les espoirs de trouver un traitement efficace, ce mardi, le 7 avril, sera lancé «Coviplasm», un essai coronavirus clinique dont la visée est de mesurer l’efficacité de la transfusion de plasma de patients guéris.
Essai coronavirus « Coviplasm » : de quoi s’agit-il ?
L’essai clinique « Coviplasm » consistera en la transfusion de plasma de patients guéris du COVID-19 à d’autres encore malades. Le plasma est un composant liquide du sang qui sert pour transporter les trois principaux types de cellules présentes dans le sang : les globules rouges, les globules blancs et les thrombocytes. Mais pourquoi un essai coronavirus avec du plasma au juste ?
Le plasma des personnes qui ont guéri du coronavirus contient les anticorps développés par l’organisme pour combattre l’infection. L’espoir est que ce plasma chargé d’anticorps aide les malades en phase aiguë de la maladie à en développer par transfusion. L’essai clinique sera mené par la professeure Karine Lacombe (cheffe du Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Saint-Antoine) et le professeur Pierre Tiberghien (de l’établissement Français du Sang).
L’Établissement Français du Sang, EFS, s’apprête à lancer l’essai coronavirus dès le mardi 7 avril. On va prélever le plasma des premiers patients guéris du coronavirus dans trois régions (Île-de-France, Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté). On compte prélever 600 ml de plasma chez d’environ 200 patients guéris depuis au moins 14 jours. Cette quantité permettra la mise à disposition de 600 unités de 200 ml de plasma pour l’essai clinique. Le prélèvement sera effectué par plasmaphérèse. Ce processus consiste en un retrait complet du sang dont le plasma sera prélevé, tandis que tous les autres composants sanguins seront retournés au donneur avec un substitut du plasma. La quantité de plasma prélevé au cours d’une session, peut être trois à quatre litres.
Au total, les patients comptabilisés dans l’essai clinique comptent 60. La moitié bénéficiera de l’apport en plasma-convalescent. Deux unités de plasma de 200 à 220 ml chacune seront transfusées au jour 6 de début des symptômes cloniques. Si tout se passe bien, et sans complications, deux autres unités seront transfusées 24 heures après les deux premières, soit quatre unités par patient.
Les résultats et l’évaluation sont à attendre d’ici deux semaines. Si le traitement se montre efficace et sans effets secondaires délétères, l’essai pourrait être élargi à un nouveau groupe de patients.
Le «Coviplasm» est un essai comparatif de la plate-forme CORIMUNO-19. Cette dernière est une étude plus large qui est menée par l’AP-HP (l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris), dont la visée est la réalisation rapide et simultanée d’essais contrôlés comparatifs de médicaments, surtout immuno-modulateurs, chez des patients infectés par le coronavirus. En parallèle, l’EFS envisage de s’engager dans des études qui permettront de suivre l’immunité collective contre la pandémie du COVID-19. Ces études seront en collaboration avec l’Institut Pasteur et l’UMR IRD UVE 190 (l’Unité des virus émergents).
D’autres pistes concernant des possibles traitements, que la France a élaborées ces dernières semaines, comprennent des essais avec la chloroquine. À une échelle globale, on estime qu’elle est efficace contre le COVID-19 et permet de faire disparaître les symptômes du virus en quelques jours. L’étude avec la chloroquine, dénommée Hyvocovid, va être menée sur 1.300 patients de plus de 75 ans, n’ayant pas besoin d’une aide respiratoire. Un autre essai, visant à traiter des patients intubés, c’est le Stroma-Cov2. Il a été lancé dimanche 5 avril par le docteur Antoine Monsuel du service de réanimation chirurgicale polyvalente de l’hôpital Pitié-Salpêtrière. L’essai est basé sur l’administration de cellules du cordon ombilical chez 60 patients, l’objectif étant de contrôler l’inflammation associée au syndrome de détresse respiratoire aiguë. Enfin, on envisage de faire des essais thérapeutiques avec des molécules tirées de l’hémoglobine du ver marin. Son hémoglobine est capable d’apporter 40 fois plus d’oxygène que l’hémoglobine humaine.