Troubles obsessionnels compulsifs : une expérience avec des excréments aiderait à surmonter le TOC
Les troubles obsessionnels compulsifs affectent 1 personne sur 50 dans le monde. C’est la 4ème pathologie psychiatrique la plus fréquente après les troubles phobiques, les addictions et les troubles dépressifs. Plus de 50% des personnes souffrant de TOC sont atteintes d’au moins un autre trouble psychiatrique (troubles bipolaires, dépression, troubles du comportement alimentaire, phobie sociale etc.).
Les troubles obsessionnels compulsifs et l’illusion de la main en caoutchouc
Une très intéressante étude d’une équipe de chercheurs du Royaume-Uni et des États-Unis vient d’être publiée dans la revue « Frontiers in neuroscience » pour donner de l’espoir aux personnes souffrant de troubles obsessionnels compulsifs. Les chercheurs ont mené une expérience bien connue, « l’illusion de la main en caoutchouc », dont l’objectif est de faire confronter les personnes obsédées par la propreté (ce qui est l’un des TOCs les plus répandus), à leur pire angoisse, ou presque.
Le principe de l’illusion consiste en ce qu’un individu place ses deux mains devant lui sur une table, l’une des deux lui est alors cachée, et une fausse main en caoutchouc est posée à la place. Si l’on chatouille les deux mains, l’individu rapporte souvent un toucher sensible provenant de la fausse main, comme si elle faisait partie de son corps. Ce qui est le plus curieux, c’est que les scientifiques ont changé un paramètre de l’expérience : après quelque temps, l’on a arrêté les caresses et a enduit des matières fécales sur la main en caoutchouc. Mais rassurez-vous, il s’agit d’un chocolat mou, rappelant à s’y méprendre des excréments (et leur odeur).
Pendant que les volontaires regardent cette scène, on leur frotte la main cachée avec un mouchoir humide pour leur donner l’impression plus ou moins forte que leur main est enduite d’excréments. Si vous trouvez désagréable cette expérience, soyez assurés que pour une personne atteinte de TOC, c’est tout simplement cauchemardesque. Enfin, les volontaires ont été demandés de noter leur dégout de 1 à 10 pendant et après l’expérience. Les résultats ont conformé l’hypothèse qu’une thérapie d’exposition, dont cette expérience fait partie, pourrait être particulièrement efficace et moins traumatisante pour le malade.
En fait, cette étude montre qu’il est tout à fait possible de moduler la violence de la thérapie d’exposition traditionnelle, tout en gardant les bénéfices. Pendant l’expérience, le dégout des « cobayes » augmente graduellement après cinq, puis dix minutes. Cet effet d’habituation aide les patients souffrant de TOC, qui sont mis au contact de leur phobie, à perdre peu à peu leur dégoût. Avec cette stratégie, on pourrait aider de nombreux malades de la propreté.
Découvrez plus de détails sur l'expérience des scientifiques sur le site de frontiers in Human Neuroscience