Un déséquilibre du microbiote intestinal peut entraîner une dépression
Le microbiote intestinal regroupe un ensemble de bactéries non pathogènes qui cohabitent dans notre intestin. En d’autres termes, ce sont les bonnes bactéries dont le nombre est 10 fois plus élevé que celui des cellules qui constituent notre corps. Oui, c’est vraiment impressionnant. Depuis plusieurs années, la science s’intéresse à ces millions et voire milliards de bactéries et en particulier à leur capacité d’influencer certains aspects de notre santé. À titre d’exemple, une étude japonaise a récemment dévoilé les effets de la flore intestinale sur qualité du sommeil. Aujourd’hui, nous vous présenterons son rapport avec l’état dépressif. Le mérite en revient à une recherche française.
Le microbiote intestinal perturbé peut causer une dépression
L’étude française dont il est question était réalisée par une collaboration de chercheurs de l’Institut Pasteur, l’Inserm et le CNRS. Leurs travaux ont paru dans la revue spécialisée Nature Communications aujourd’hui, le 11 décembre. La recherche des scientifiques a démontré qu’un déséquilibre du microbiote intestinal pourrait contribuer au développement d’une dépression.
Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques ont travaillé à partir d’un modèle animal en étudiant les flores intestinales d’animaux sains et de ceux qui présentaient des troubles de l’humeur. Ils ont constaté qu’un microbiote intestinal modifié (en raison d’un stress chronique, par exemple) entraîne une baisse du taux des métabolites lipidiques dans le sang comme dans le cerveau. Ceux-ci représentent de petites molécules qui participent aux processus du métabolisme et qui sont connues aussi sous les appellations « cannabinoïdes endogènes » et « endocannabinoïdes ».
Les métabolites lipidiques participent encore à la gestion des émotions ainsi qu’à la formation des souvenirs. Les chercheurs ont observé que leur absence dans l’hippocampe, la région cérébrale responsable des souvenirs et des émotions, engendrait un état dépressif. Pierre-Marie Lledo, co-auteur de l’étude, explique que « le simple transfert du microbiote d’un animal présentant des troubles d’humeur à un animal en bonne santé suffit à induire des modifications biochimiques et conférer des comportements synonymes d’un état dépressif chez ce dernier ».
Un traitement oral contenant les bactéries déficitaires a permis de restaurer le niveau normal des métabolites lipidiques et traiter ainsi la dépression. Donc, on peut dire que ces bactéries pourraient agir comme des antidépresseurs. Dans ce cas d’ailleurs, on parle de « psychobiotiques ».
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