Traitement de la dépression : des chercheurs ont décrypté l’effet antidépresseur de la kétamine
Dans des études précédentes, des chercheurs ont découvert que la kétamine, un anesthésique puissant, peut aider les personnes atteintes d’une dépression majeure. Un constat qui a donné de l’espoir pour le développement de nouvelles options thérapeutiques pour le traitement de la dépression. Mais une étude récente dirigée par des chercheurs de Karolinska Institutet en Suède, est allée plus loin et a identifié de nouveaux mécanismes permettant de mieux comprendre comment au juste le médicament exerce son effet antidépresseur. Les travaux étaient publiés le 11 août 2021 dans la revue Molecular Psychiatry.
Décryptage de l’effet de la kétamine dans le cadre du traitement de la dépression
Les médicaments antidépresseurs les plus couramment prescrits peuvent prendre beaucoup de temps à soulager les manifestations de la dépression. À ne pas mentionner que plus de 30% des personnes concernées ne profitent d’aucun apaisement. La nécessité de nouveaux types d’antidépresseurs à action plus rapide et à effets plus prononcés, est donc significative. La kétamine anesthésique sous forme de spray nasal a démontré des effets considérables pour le traitement de la dépression réfractaire.
Cependant, le mécanisme d’action exact de la kétamine reste non élucidé. On sait pourtant que ce type de traitement soulage rapidement les symptômes de la dépression ainsi que les pensées suicidaires, mais qu’il présente certains effets indésirables comme hallucinations, délires et risque d’abus. Des médicaments alternatifs sont nécessaires de toute urgence. Dans cet ordre d’idées, les chercheurs voulaient décrypter le mécanisme d’action de la kétamine afin de trouver une substance à un tel effet rapide, mais sans effets secondaires.
Grâce à des essais sur des cellules et des souris, les chercheurs ont pu démontrer que la kétamine réduisait l’activité présynaptique ainsi que la libération persistante du neurotransmetteur glutamate.
« La sécrétion élevée de glutamate a été associée au stress, à la dépression et à d’autres troubles de l’humeur. Donc, la diminution des niveaux de ce neurotransmetteur peut expliquer certains des effets de la kétamine. », a précisé le professeur Per Svenningsson, l’un des auteurs de l’étude.
Les chercheurs ont pu également constaté que la kétamine stimulait directement les récepteurs AMPA qui se trouvent en position postsynaptique, c’est-à-dire dans la partie de la cellule nerveuse qui reçoit les signaux. Cela entraîne une libération accrue du neurotransmetteur adénosine qui inhibe la production présynaptique de glutamate.
Références :
Molecular Psychiatry (août 2021) : « Ketamine decreases neuronally released glutamate via retrograde stimulation of presynaptic adenosine A1 receptors », Per Svenningsson et coll.
Karolinska Institutet. « New findings on how ketamine prevents depression. » ScienceDaily. ScienceDaily, 11 August 2021.